L'armée débarque à Anjouan.

La rébellion anjouanaise : Les signes d'une fin annoncée.

« Si le colonel Salimou a confié en fin de matinée à Radio Comores que le débarquement à Anjouan n'est plus une éventualité, mais une certitude, il sait ce qu'il dit ». m'a dit un officier des FGA sous couvert de l'anonymat. Dans son édition du journal de 13h00, la radio nationale a recueilli les impressions du chef d'état-major de l'armée comorienne qui a brisé ces derniers son silence.
En effet, le Lieutenant colonel Salimou a réagi juste après la réception ce lundi matin les hauts gradés de l'armée comorienne à Beit Salam par le Chef de l'état. Selon des sources proches du dossier, le chef de l'état aurait rassuré le Lieutenant Colonel Salimou de mettre « à la disposition de l'armée les moyens demandés pour cette opération ». Les deux parties, après cette rencontre, « ont repris les travaux cet après midi tenant compte de l'urgence de la situation. Un équipement sensible est attendu dans les prochaines heures. Pour le chef de l'état, le règlement immédiat de la crise anjouanaise, est une priorité. » Toujours selon les mêmes sources.
Ce qui est sûr, le Chef d'état-major que j'ai eu au téléphone vers 14h00, m'a paru déterminer, qu'avec même des maigres moyens, « pour l'intérêt suprême de la nation, l'AND débarquera à Anjouan. Mohamed Bacar a trop défié la nation, et il faut maintenant que l'armée prenne ses responsabilités. Le chef de l'état m'a confié il a épuisé la voix du dialogue, il ne reste plus que l'option militaire. » M'a-t-il confié d'un ton déterminé.
Le Lieutenant-colonel Salimou, est le premier comorien à être admis à la prestigieuse école de Saint Cyr (promotion général Monclar (84-87). Il est ensuite entré à l'Ecole d'application de l'infanterie de Montpellier, a suivi les cours de capitaine à Thiès au Sénégal, a été à l'Ecole d'Etat-major de Compiègne en France et a suivi une autre formation à l'université de la Défense à Pékin. Il est par ailleurs titulaire d'un (DEA) d'histoire.
Considéré par les rares personnes qui le connaissent (l'homme est discret) comme un homme de culture : champion d'orthographe en 1992 à l'échelle des Comores ; ce qui lui avait alors valu de représenter le pays à la super-finale de New York la même année. Cet ancien directeur de l'Ecole nationale de formation des forces armées et de la gendarmerie (Enfag), fait partie des officiers comoriens ayant résisté à la politisation des forces armées du temps où le pays était dirigé par l'ancien chef d'Etat major, Azali Assoumani.
Depuis le début de cette crise, il s'était abstenu de faire des commentaires sur ce sujet, usant de son droit de réserve en tant que premier responsable de l'armée après le chef de l'état. Et c'est en professionnel qu'il compte mettre à bout la rébellion anjouanaise. A la question de savoir si le moral de ses troupes est au fixe, la réponse est sans équivoque : « je n'ai aucune doute de mes troupes. C'est des soldats qui ne demandent qu'une mission et des moyens adaptés pour la réussir. Mais tellement ils sont motivés qu'ils seraient prêts à partir tout de suite. Seulement je ne peux pas improviser nous voulons faire cette opération avec un minimum de pourcentage d'échec.» A-t-il conclu. A mes confrère de la radio nationale, le chef d'état-major a déclaré que des dispositions seront prises « pour que l'armée soit opérationnelle et prête à intervenir sur l'île d'Anjouan, le plutôt possible. Il y a des choses qui vont être faites progressivement comme l'acquisition des moyens (logistiques) mais l'essentiel s'était surtout la préparation morale. Et j'espère que les officiers qui étaient là ont compris qu'il n'est plus temps de blaguer mais que le devoir nous appelle... ».
La nouvelle a fait boule de neige à Anjouan, mais la prudence est de mise. Un fonctionnaire anjouanais me disait : « c'est le moment le plus dangereux. Faute d'adversaires potentiels sur le terrain, les FGA vont gesticuler, à la recherche d'un prétexte pour sévir. Chez les fidèles de Sambi, « c'est une affaire de l'armée contre les rebelles. Les civiles ne vont pas se mêler. A moins qu'on nous force la main. » Par qui ? « Mohamed Bacar. Du moment où il nous laisse tranquille, nous ne nous mêlerons pas. Mais une fois qu'il voudra impliquer des civiles comme les anciens embargos, alors là, nous saurons de quel coté se rallier. » Commentait l'un d'eux.
Côté rebelle, les désertions continuent. Mas Karoi et 4 des soldats de la sécurité du Colonel ont pris la fuite vers Mayotte. Ces informations, je les ai recueillies auprès des proches de Mas Karoi, qui selon ses frères d'armes depuis hier soir, Mas Karoi manque à l'appel. Ces dernières désertions commencent à peser le camp des rebelles.