
Les phénomènes de préemption d'un marché aux marges confortables et largement arbitraires, contrôlées par quelques entreprises prédatrices, ici peut-être souvent basées à la Réunion (Taillefer par exemple), rappellent furieusement ceux constatés en Martinique et Guadeloupe à l'époque des mouvements sociaux comparables.
C'était début 2009, pendant la campagne sovietoïde à Mayotte pour dire « oui » au statut de « département ». Le député des Mahorais clamait alors à ses administrés : « Bienvenue dans l'égalité républicaine ! » Un vrai présage.
Rappelons que tout programme d'un responsable politique mahorais se limitait à deux points : la départementalisation et l'expulsion des irréguliers (quasiment les seuls producteurs de l'île). Le premier étant acquis, les élites sont fort dépourvues. Que promettre pour se donner une consistance masquant l'incurie de leur activité (si l'on ose le mot) ?
L'accès à ce statut européen de RUP permettrait à l'île perturbée « de bénéficier de 2 millions d'euros » [2]. Les institutions européennes semblent enthousiastes, quitte à s'asseoir sur le devoir de continuité de l'État, puisque la quasi-totalité de nos partenaires de l'EU qui ont voté les vingt résolutions de l'ONU condamnant la présence illégale de la France à Mayotte.
Mais faire de cette aubaine la solution pour régler l'inactivité professionnelle des Mahorais, leur déconsidération (pour ne rien maîtriser du destin de leur île en dehors de référundums plébiscites pour pouvoir bénéficier des minimas sociaux), et surtout la question de prédation économique sur les importations, ce serait une ficelle un peu trop grosse, même pour une population qui a une culture politique consistant à se faire rouler dans la farine par leurs élites depuis un demi-siècle.
Il faut déjà espérer que les projecteurs braqués sur Mayotte suscitent des enquêtes comme celle du documentaire diffusé en 2009 [3] révélant une partie des dessous inadmissibles des préemptions en Martinique et Guadeloupe.
Le gouvernement a promis une enquête et des sanctions sur ce sujet à Mayotte : attendons de voir la mise en oeuvre... après les élections.
Pour l'heure, le blocage de l'île est inquiétant : la violence y est multiforme, les barrages empêchent les transports, les portes-conteneurs repartent sans avoir été déchargés, et les Mahorais en arrivent à se rappeler qu'ils ont de la famille vivant sur les îles voisines, pour les approvisionner.
Il faut espérer que les Mahorais, voyant leurs représentants politiques relayer le discours d'apaisement de Paris sans défendre trop vigoureusement leurs intérêts, mènent une réflexion sérieuse sur la façon de reprendre en main leur destin. Il pourrait commencer par s'exprimer dans sa comorianité, puisque dans leur mode de vie, à part la culture de mendicité politique, les Mahorais ne font que prouver au quotidien qu'ils ne sont rien d'autres que des Comoriens, même s'ils le renient dans une navrante schizophrénie.
Le Comité Maore rappelle avec raison dans un communiqué du 13 octobre que « la lutte contre la vie chère est au fond une vive protestation contre un droit commun français inapplicable à Mayotte... Car, pour prendre un exemple, les lois françaises sur la propriété des terrains et des maisons familiales aboutissent à dépouiller les Maorais au profit d'immigrés français ».
Évidemment, la violence d'État s'exprime pour l'occasion sous sa forme la plus banale : blindés, gaz lacrymogènes, flash- balls à gâchette facile, etc.
Le gouvernement semble espérer que les dispositions liées au nouveau statut feront entrer l'île dans la paix sociale : le RSA (Revenu de solidarité active) au 1er janvier 2012, l'établissement d'un régime de retraite pour plus de professions, ou l'allocation de rentrée scolaire revalorisée d'ici à quatre ans et alignée sur la Métropole, Certains points restent donc encore des promesses hypothétiques.
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