Comores / N. Bourhane et le carburant : “Cette hausse est bonne pour vous !”

A l'occasion de l'Ide el Adha, dimanche 6 novembre, le vice-président Nourdine Bourhane a reçu la population de l'île d'Anjouan à Dari Nour, siège de la présidence de l'Union à Anjouan. Dans son discours-bilan, censé “résumer l'action du gouvernement durant les cinq mois qu'il est en place“, il a fait des déclarations pour le moins étonnantes, à commencer par celle qui tentait de justifier l'augmentation de 50 francs sur les prix des produits pétroliers. “Depuis les cinq mois que nous sommes au pouvoir, les Comores sont en plein chantier, mais cela semble être occulté par la tourmente liée notamment à la hausse des prix du carburant. Cette hausse est pourtant profitable pour la population comorienne“, at- il déclaré d'emblée. 

Pour appuyer ses propos (après des négociations entre le patronat, la société civile et le gouvernement, un arrêté pour rabaisser les prix des hydrocarbures est attendu), Bourhane a servi à l'assistance un discours très éloigné de la réalité. “Sachez que trois quarts du gas-oil importé par la Société des hydrocarbures est consommé par nos sociétés d'électricité, Ma-mwe et Eda. Ces sociétés ne le paient qu'en partie. Nous sommes donc le rare pays où le gouvernement paye l'électricité consommée par la population. Nos sociétés d'électricité ne parviennent pas à payer leur gas-oil car leurs clients ne paient pas leurs factures. Nous avons donc voulu que la population prenne part à l'effort de soutenir les sociétés d'électricité“, a-t-il dit en guise d'explication de la hausse. Et d'ajouter que le fonds d'entretien routier (Fer) sera alimenté par les cinquante francs de la hausse. La question que se sont posées plusieurs personnes après la cérémonie, c'est “pourquoi devons-nous soutenir nos sociétés d'électricité par une hausse du prix du carburant alors que nous payons déjà des factures?“. 

Une hausse pour tous pour votre bien être 

Mais une autre question peut également être posée : si les 50 francs de hausse servent à soutenir des sociétés moribondes, pourquoi leur a-t-on également augmenté le prix du gas-oil? En plus des prix des hydrocarbures, le vice-président Bourhane a abordé le sujet de la grève des enseignants. Il a appelé la population anjouanaise à aider l'exécutif de l'île à persuader les enseignants de reprendre le chemin des salles de classes. Selon lui, l'intersyndicale des enseignants continue de prolonger sa grève car “elle veut tout et tout de suite“. Une intersyndicale qui, d'après toujours lui, n'a pas observé les règles (comme le préavis) en matière de grève. Faute qui, d'après le vice-président, “aurait pu requérir une descente armée et l'arrestation des grévistes“.