C'est un journal égyptien Al-Chourouk qui a divulgué l'information : les Comores ont renoncé à assurer la présidence de la 137ème session des ministres des Affaires étrangères de la Ligue arabe au profit du Qatar.
Cette réunion, qui précède habituellement le sommet de l'organisation panarabe, prévue cette année en Irak, aurait pu être une occasion en or pour faire rayonner la diplomatie comorienne. Raté !
Pourtant, contrairement à nombre de ses prédécesseurs, Mohamed Bakri, ancien ambassadeur des Comores à Tripoli, semble maitriser la langue arabe et ne devrait pas, a priori, avoir du mal à conduire les travaux d'un tel forum. Manque de confiance en soi ? Peut-être.
Le Qatar saisit la balle au bond
Au Mirex (ministère des Relations extérieures), on avance d'autres raisons dont certaines plutôt tirées par les cheveux. "Vu la situation dans le monde arabe, les Comores ont choisi de céder leur tour au Qatar. Ce pays frère a multiplié ses efforts lors de la précédente session, notamment sur la question syrienne ", explique le directeur général chargé du Monde arabe, Ibrahim Abdallah. Une justification qui sonne comme un aveu de faiblesse.
Petit émirat pétrolier à la recherche de stature international (on a vu, notamment, son implication pleine et entière en Libye aux côtés des forces de l'Otan ou encore avec ses investissements pharaoniques en Occident), le Qatar n'aurait jamais boudé ce plaisir de présider un conclave de cette importance. Pour qui connait donc les ambitions de Doha, c'est presque du pain bénit.
Pourtant, à l'heure où la France s'apprête à accélérer le processus de rupéïsation de Mayotte, les Comores auraient pu saisir une telle opportunité pour demander la condamnation unanime de la Ligue arabe, quitte à adresser un courrier de protestation devant l'Union européenne.
Une chance de plus qui file !
On a laissé filer cette chance ! En outre, cette position aurait pu permettre au pays, à un moment où le monde arabe est en pleine ébullition, de jouer un rôle de pointe dans les efforts de reconstruction.
Sans compter que c'est au cours des forums internationaux du même genre que les petits Etats comme le nôtre peuvent s'offrir un maximum de visibilité et nouer des partenariats solides dans le monde. Est-il vrai que les Comores "ne disposant pas de cadres de haut niveau pour assurer cette présidence", comme le soutiennent certains responsables. Pas sûr.
En effet, il y a dix ans, la diplomatie comorienne avait marqué des points grâce à l'entregent de l'ancien ministre, Soeuf Mohamed Elamine, passé depuis, chef du bureau de liaison de la Minuad (Mission conjointe de l'Onu et de l'Union africaine au Darfour) à Khartoum. L'on est en droit de se demander si le Mirex manque vraiment de compétences (auquel cas ce serait grave) ou si ses talents sont plutôt bridés pour des raisons purement politiques, ce qui ne le serait pas moins. L'image internationale de notre pays doit transcender les clivages idéologico-politiques pour rester un sujet de communion nationale.
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