Il ne fait plus aucun doute, c'est de là, et de nulle part ailleurs, que le courageux ministre tire sa ''force'' : de notre silence. A cet égard, ces propos du secrétaire d'Etat aux TOM sont significatifs de la faiblesse fondamentale des positions de l'Etat français dans le litige qui l'oppose au Droit, à la Justice et à notre peuple : A l'occasion de sa visite-parade ratée au Cra de Pamandzi et parlant des problèmes des ''reconduites'', Yves Jégo – non sans un zest de moquerie – lançait devant la presse un véritable ouf de soulagement : ''Comme quoi, quand il y a acceptation des autorités d'Anjouan, cela va très vite''. Ce soupire de monsieur le secrétaire d'Etat signifie une chose essentielle : ''Etant dans le droit, nous avons les moyens de mettre notre ennemi en difficulté''. Mais il vient confirmer un fait : ce responsable français n'entend pas le langage des Nations unies, pas plus que celle de la Ligue des Etats Arabe et encore moins de celui aphone de l'Union africaine.
User à fond de la force du droit
Certes les déclarations fermes du fundi aux Nations unies et aux autres instances internationales sont les bienvenues parce que nouvelles et courageuses. Certes, son engagement à ne pas signer de traité ni d'accord avec la France tant que le visa Balladur perdurera, peut constituer une forme de riposte à l'arrogance, mais la quiétude avec laquelle les représentants de l'Etat français conçoivent et foncent vers la désagrégation de notre pays, indique qu'à leurs yeux, ces deux arguments ne comptent que pour du beurre et, de la façon dont évoluent les choses, ils ont parfaitement raison. En effet, si la voix des Nations unies, de la Ligue des Etats arabe et de l'Union africaine portaient, il y a longtemps que les Palestiniens de Gaza l'auraient su, il y a longtemps qu'en Itouri la guerre aurait cessé, il y a longtemps qu'au Soudan, des centaines de milliers de Fours ne seraient pas, chez eux, à la merci des milices Janjaweeds et l'Irak n'aurait pas volé en éclat sur injonction d'une quinte de faucons tapis à la Maison Blanche. Ce soupire signifie qu'Yves Jégo n'entend que le langage de la force, celui-là même que son pays use et abuse à notre égard depuis près de deux siècles et qui lui réussit si merveilleusement. Mais ce soupire, surtout, nous tend la perche et nous indique la voie à suivre pour arrêter le compte à rebours de la désintégration de notre pays déclenchée par les nouveaux représentants de l'Etat français. Cette perche, c'est la ''Force du droit''. Cette ''Force du droit'' qui consiste, désormais, à ne plus accepter de nous rendre complice des déplacements forcés de nos populations en acceptant de recevoir les déplacés sur une autre partie de notre terre. Elle consiste à dénoncer immédiat les discussions, au sein du Ghtn, entre la délégation française, Lamartine et Mirhane, des représentants comoriens qui, de toute façon, comme l'atteste l'ensemble des discussions passées, n'y ont aucune voie au chapitre. C'est ainsi, et ainsi seulement, autrement dit, c'est en repassant à l'offensive, que nous ferons rebasculer le rapport des forces en notre faveur et stopper le compte à rebours de notre dissolution.
Madjuwani hassani madjuwani@gmail.com
Source : Al-watwan N° 1236 du 19 janvier 2009
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