
• Le processus est engagé. Que doit-on faire alors?
Il faut faire un bloc car nous allons vivre l'un des moments charnières de notre histoire. Les comoriens, partout où ils sont, doivent faire un front uni et dénoncer ce geste inamical de la France. On ne doit pas nous laisser faire. C'est notre droit légitime de défendre l'unité et l'intégrité de notre territoire. La France refuse l'entrée de la Turquie au sein de l'Union européenne, un pays limitrophe et continue à dire que Mayotte est française. C'est à la fois ridicule et paradoxal. Cette occupation est une attitude purement impérialiste qui n'honore pas la France mais le droit triomphera un jour.
• Certains parlent des réseaux français qui continuent à saboter les efforts de la diplomatie comorienne. Qu'en dites-vous?
Je pense qu'il faut dénoncer ces réseaux et essayer de les démanteler. Nous n'avons pas de moyens importants mais les dénoncer, ce sera déjà quelque chose. Il faut aussi revoir la stratégie de notre diplomatie. Il nous faut une feuille de route, une stratégie nationale de conquête de l'ile comorienne avec des actions à programmer dans le temps. Les régimes ne doivent pas avoir des stratégies à eux. Il faut une stratégie nationale. Je préconise la création d'un secrétariat d'Etat qui sera chargé uniquement de la question de Mayotte avec des missions claires.
• Et le groupe de travail de haut niveau (Gthn) ?
Il ne doit jamais plus exister. Je dénonce ce groupe. Nous nous sommes entendus de discuter mais la France a fait marche arrière pour aller organiser un référendum à Mayotte. C'était une mauvaise idée. Le Gthn n'a pas sa raison d'être. La revendication de la question de Mayotte est aujourd'hui portée par le citoyen lambda. Partout où on se trouve, de Marseille à Paris, de Paris à Saint-Denis, à Dzaoudzi à Mutsamudu, de Mutsamudu à Fomboni, et de Fomboni à Moroni. Il y a des manifestations partout en France et dans les quatre coins du pays. Je Suis ravi et fier de voir des voix s'élever à Mayotte contre cette départementalisation. Et là, j'en profite pour rendre un hommage à notre grand frère Youssouf Moussa.
• La France n'a toujours pas réagi sur la proposition, un Etat, deux systèmes. Qu'est-ce que cela vous inspire?
C'était une occasion pour permettre aux deux pays d'arracher un compromis historique mais la France a, c'est vrai, fait la sourde oreille. C'est cette attitude-là qui nous indigne. Cette proposition aurait permis aux deux pays d'ouvrir la voie à des négociations franches et sincères. Ce qui ne fut pas le cas. Je suis stupéfait, en ma qualité d'élu, parlant au nom de l'assemblée nationale de mon pays, d'entendre la réaction d'un diplomate se permettant de donner de leçons au représentant du peuple, de me qualifier d'anti-français parce que je revendique une partie de mon territoire. Si défendre son pays est synonyme d'anti-français, alors je le suis Les Comores sont souveraines. L'unité de mon pays n'a pas de prix. Nous sommes dans l'obligation morale de défendre cette cause légitime et nous irons jusqu'au bout. Dans la prochaine session d'avril, je vais faire une proposition de loi dont l'objet sera de déclarer persona non grata tout diplomate qui, par ses agissements et son comportement, souhaiterait s'immiscer dans les affaires intérieures des Comores et de surcroît sur la question épineuse de l'ile comorienne de Mayotte.
A.S. KEMBA
Source : Albalad n° 468 du 21 mars 2011
Commentaire wongo :
"Les Comores n'ont toujours pas de feuille de route connue et aucun kopeck n'est mobilisé pour la cause. Si avec le ministre Fahami (ministre sortant du gouvernement Sambi : Ndlr), le discours a changé, devenu plus incisif, les déclarations plus claires sur les questions sous-jacentes comme le visa Balladur et les expulsions, les décisions courageuses tardent à être prises comme celle de refuser les expulsions qui nous rendent complices de déplacement forcé de populations." Ahmed Ali Amir
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